Quelques faits marquants de la vie de Lïamm

Lïamm : guerrier elfe de la nuit

Sur les indications du frère Neals, je me dirigeai vers un tonneau et posai le parchemin sur celui-ci. Muni d’un encrier dans lequel je trempai la plume d’oie, je commençai à écrire :

Je viens d’un monde dans lequel la paix n’est qu’un songe. Je viens d’un monde brutal où la terre goûte encore le sang des braves tombés au combat.
Dans ma tête résonnent encore le son du métal qui s’entrechoque.

Les anciens m’ont raconté qu’il fut un temps où la guerre forgeait l’être et que la gloire retombait sur ceux qui savaient se montrer brave au combat.
J’étais né pour être druide, servir les Dieux, me confondre avec la force de la nature et de ses habitants, mais lorsque les orcs attaquèrent le village duquel je proviens, lorsque ma lame ensanglantée reposa sur mon flanc et qu’à mes pieds gisaient les dépouilles de mes ennemis et de mes amis, je compris que la guerre n’avait plus rien de glorieux.
Tout ce que je vis, pour ma part, ce fut d’effroyables empoignades pour repousser les légions de la horde, de plus en plus menaçantes à nos frontières. Je vis des cavaliers, bardés de cuir et de mailles, rire aux éclats, brandissant des lances ou des masses et s’enfoncer dans la bataille. Les plus chanceux revenaient les yeux vides et le teint gris, claquant des dents, tachés de sang séché, les épaules basses, le dos courbé. Certains, se cramponnaient à l’encolure de leur cheval comme si le moindre souffle risquait de les jeter à bas.

Ce fut bientôt mon tour de partir avec eux, et même si je pensais être différent, mépriser la peur et me couvrir de gloire, je n’étais qu’un enfant ignorant.
Mon premier champ de bataille fut une boucherie où seul les bouchers auraient pu s’illustrer. Les suivants eurent raison de mon enthousiasme et de ma vanité…

Durant des mois, je combattis la légion ardente et ses serviteurs démoniaques, les poursuivants jusque loin de chez nous. Nos pas nous conduisirent à l’orée une étrange forêt aux murmures inquiétants. Ceux qui nous attendaient là étaient des guerriers d’un autre temps, leurs yeux brillaient dans l’obscurité sans que nous puissions voir leur corps. Leurs incantations gutturales résonnaient, portées par le vent jusque dans les plaines avoisinantes.
Ce jour-là, l’horreur du massacre dépassa tout ce que j’avais pu voir. Ce jour là,… je crois que quelque chose se brisa définitivement en moi.

Il fut dit que j’étais devenu fou et que ma fureur guerrière terrifia les Dieux eux-mêmes. On dit qu’ils ne voulurent plus de moi alors que les miens succombèrent en ce jour maudit. Mon esprit se refuse, encore aujourd’hui à évoquer cette tuerie insane. Etais-je vraiment devenu fou, ou avais-je cessé de l’être ? Quoi qu’il en soit, j’ai fui.
Autant dire les choses comme elles sont.

Durant des jours, des semaines et des mois, j’ai erré dans ce paysage dévasté. Puis, je me suis embarqué sur un coracle de pêche à deux voiles puant les viscères de poisson, chargé d’une demi-douzaines de fuyards, comme moi.
Nous sommes quelques-uns à être débarqués sur une terre vierge. Il y avait parmi-nous des guerriers, mais aussi des paysans, des prêtres et quelques mages, maniant les arcanes avec sagesse. L’un d’eux m’appris l’art de l’enchantement que j’essaie encore de maîtriser à l’heure actuelle.
Un nain du nom de Bränn m’appris le secret du minage et comment transformer la pierre brute en barre de cuivre ou d’étain. Il m’enseigna aussi l’art de l’alliage des métaux afin de permettre aux forgerons de fabriquer des outils et des armes.

Tout être censé aurait quitté cet endroit pour revenir vers les contrées connues, auprès des nôtres, mais nous restâmes là un long moment. Nous apprîmes à vivre en communauté, à accepter les autres races et à apprendre à nous connaître.

Je suis resté avec eux durant trois saisons avant que je vois, en songe, la grande cité de Darnassus, et celle de Hurlevent. Une voix, comme une brume dans l’air frais du matin, m’appelait à les rejoindre, à poursuivre mon chemin.

Je ne sais pourquoi je l’ai écoutée, pas encore,…mais chaque jour et chaque nuit, je prie Elune afin qu’elle me guide et qu’elle me montre le chemin à suivre.